Enseignement du bouddhisme zen au sujet de la vie et de la mort (vn. Sinh tử)
Tout d’abord svp, ne confondez pas SHO-JI , vie et mort avec son homonyme, shoji, le paravent de style japonais.
Introduction au texte Chukanron de Nagajurna, fondateur de l’école Madhyamaka (vn. Trung Quán Luận, ch.Zhongguanlun)
De nombreuses erreurs ont été commises au sujet de La voie de Milieu dans l’enseignement au dojo de Paris, concernant le Chukanron Roku ou le Traité de la Voie du Milieu écrit par Nagajurna, moine Mahayana du 2è-3è siècle, nous vous proposons un éclaircissement à la base avec les commentaires de maître Deshimaru, fondateur même du zen soto en Europe et du dojo zen de Paris. Ces commentaires ont été délivrés lors de son enseignement oral dans le dojo, concernant le très célèbre texte du Shobogenzo de Dogen.
Une des erreurs fréquentes qu’on peut commettre est due à la capture hâtive de l’expression toute faite « Voie du Milieu » sans étude profonde du Traité de Nagarjuna. Il ne s’agit pas de trouver une Voie du Milieu, une voie médiane entre 2 voies, comme cela aurait pu être suggéré par le titre seul. En effet, le principe même de l’enseignement du bouddhisme de Madhyamika étant « Ku » ou « la nature originellement vide » de toutes les formes, Nagajurna ne saurait prôner une quelconque voie médiane.
Auteur: Reijo YB
Traduction du Madhyamika-Sastra ou Chukanron Roku par Taisen Deshimaru
note du transcripteur: Comprendre que le feu symbolise la mort et le bois la vie.
- Si le feu était bois, l’agent et l’acte seraient un. Si le feu est différent du bois, il y aura le feu sans bois.
- Si le feu brûlait de façon permanente, il ne serait pas produit d’une cause, d’une origine. Il serait inutile alors de le préparer. Dans ce cas, le feu viendrait sans action.
- Parce qu’indépendant d’autre chose, il n’aurait pas le bois pour cause. Brûlant continuellement, il serait inutile de le préparer. (Aussi, l’effort qui consiste à faire brûler deviendra un non-sens. Et s’ensuit l’erreur qui consiste à croire en un feu permanent – une personne, une forme, un corps physique permanent
- Si, selon cette idée, vous pensez que le feu est le combustible, alors, l’un étant lui-même l’autre, qu’est-ce-qui enflammera le bois ?
- Comme le feu et le bois sont différents, le feu ne peut atteindre le bois. La chose qui ne peut être atteinte ne peut être brûlée. En outre, la chose qui ne peut être brûlée ne peut s’éteindre, disparaître. Elle reste avec son propre aspect
Tout ici est koan – interrogation paradoxale profonde. Il y a au moins une centaine dans ce texte très difficile à traduire. Taisen Deshimaru, Commentaires sur le Genjo Koan, texte de Dogen.
Le printemps ne devient pas l’été – La vie ne devient pas la mort – Extrait du Shobogenzo, Genjo Koan du maître zen Dogen
Dans le vocabulaire du bouddhisme, on utilise les deux expressions "naissance/vie et mort" (jap. sei ou sho 生 et shi ou ji 死)
La vie n’est qu’une position potentielle, et la mort n’est aussi qu’une position potentielle. C’est similaire à la relation qui existe entre l’hiver et le printemps; nous ne disons pas que l’hiver se transforme en printemps et nous ne disons pas non plus que le printemps devient l’été.
La vie est la vie, la mort est la mort. Ne craignez pas la transition de la vie à la mort. Il ne sert à rien d’avoir peur avant de mourir. Je dis toujours que lorsqu’on entre dans le dojo, c’est comme entrer dans son cercueil. Certains reculent et partent effrayés.
Qu’est-ce-qu’un dojo de méditation zen et son silence ? Le lieu le plus paisible qui puisse exister
Pourtant, le dojo est le lieu le plus paisible qui puisse exister. Mais les gens de nos jours ont un esprit bien trop compliqué pour ne pas s’effrayer du silence. On fait seulement des radios du corps, on doit en faire aussi de l’esprit, ce serait très intéressant. La plupart se perdent en pensées futiles, objectivement, elles paraissent futiles mais subjectivement, pour chacun, elles prennent de l’importance. Pendant zazen – assise zen – connue sous le terme « méditation zen », on peut tout faire cesser, comme si l’on se trouvait dans son cercueil. Par la concentration, la pensée cesse mais les images qui remontent du subconscient doivent s’écouler naturellement, sans que l’on cherche à les arrêter. Elles ne sont pas importantes mais elles permettent de nous voir et aident à nous comprendre. Cependant, elles ne sont que des rêves. Taisen Deshimaru
Questions fondamentales de la vie vues par Eihei Dogen, 12è siècle, fondateur du zen soto au Japon
Ce koan du maître zen Dogen plonge directement ses racines à la source de la mort. Le koan est universel, il est au-delà du temps, des époques, des nations, il ne passe pas avec les époques et les conquêtes territoriales, les pays.
Il évoque toujours les questions fondamentales au sujet de la vie : « Où va-t-on après la mort ? Qu’est-ce-que notre vie ? Quel est le sens profond de la vie ?
Le printemps ne devient pas l’été – La vie ne devient pas la mort – Extrait du Shobogenzo Genjo Koan, Eihei Dogen
Une fois que le bois est devenu cendres, il ne peut retourner à l’état de bois. Mais il ne faut pas penser que les cendres sont après et le bois avant.
Quand l’être humain meurt, il ne peut revenir à la vie. Mais on ne dit jamais que la vie se transforme en mort. Traditionnellement, cela est appelé Non-Né (nirvana). La mort ne se transforme pas en vie. C’est l’enseignement du Bouddha qui fut déterminé par le principe de la loi de Bouddha. Aussi cela est-il appelé non-destruction.
note: Toutes les citations proviennent des kusen, enseignement oral donné dans le dojo par le maître zen Deshimaru compilés dans le volume Genjo Koan, Ed. de l’AZI.