Zen Numineux Numinesscence – Deshimaru Kusen Enseignement Oral

Zazen est la condition normale – Deshimaru TDKUSEN100


Prenez la sainte posture, pratiquez la sainte voie, ce n’est pas la voie du vulgaire.

Parfois c’est une voie difficile, pour les méditants c’est difficile.

Si vous continuez zazen, cela devient la voie douce, la condition normale.

Mais vu des autres … Si quelqu’un de vulgaire regarde la posture alors c’est terrifiant (horrible), il la respecte.

C’est mystérieux, parfois extatique … Zazen n’est pas cela mais la sainteté !

Je dis toujours Samu, Gyoji (l’effort), le travail … Le travail de la vie quotidienne est saint !

Mais parfois en Inde, ils veulent des relations sexuelles mais la culture indienne n’est pas importante. Dans cette culture, on creuse la terre, on fait des sillons, si vous voulez aider la Gendronnière, il faut faire des sillons et après, il faut aussi amener des graines. Dans l’hindouisme, le sillon représente l’organe sexuel féminin, creuser veut dire engendrer. J’ai étudié le sanskrit à ce propos, c’est très amusant ! Les indiens parlent des sillons comme de la sainte prostitution … de la sainte agriculture.

Le mot Saint signifie ce qui est haut – Highly, en anglais. Donc, la sainteté, l’amour, la foi sont unité, zazen inclut ces trois éléments.

Mais comment vivre ? Comment l’homme doit-il vivre ? Chercher la Voie ! Chercher la sagesse parfaite ! Vous devez parvenir, votre esprit doit parvenir au cosmos fondamental, aux sources du cosmos.

Vous devez retourner au fond de votre vie, votre vie quotidienne. Vous devez actualiser votre forte puissance, la pratique magnifique.

Pour l’avenir, il faut avoir un espoir, la confiance … Pour l’éternité, pour toujours …

Parce que la vraie religion provient de cela, au-delà de l’éthique, au-delà de la morale.

Dans le véritable amour, il faut harmoniser, devenir l’énergie, unifier le subjectif à l’objectif. C’est Mu Sho Toku[1]

Être humble, non-moi … On n’en sait pas plus. Un philosophe a dit : « il ne faut pas être fier d’en savoir autant ! »

La vraie sagesse est de poursuivre la meilleure fin par les meilleurs moyens

La terre entière est plus fine, plus belle que l’ignorance … Je peux vous assurer qu’un fou intellectuel est plus fou qu’un ignorant fou ! Un animal au zoo est plus dangereux qu’un animal primitif !

Donc, nous devons trouver la parfaite sagesse, c’est Hannya Haramita. Ce n’est pas tellement compliqué.

Notes: A travers le Kusen[2] aujourd’hui, à travers zazen, à travers la conscience Hishiryo[3]

La parfaite sagesse est Hannya Haramita.

Parfois vos pensées ne sont pas si profondes … anxiété, nourriture, la nuit dernière, l’argent, le calcul, la comptabilité …

La patience est importante, cela ne dure pas si longtemps maintenant.

Le zazen du dimanche est très important, le dojo est plein le dimanche, il y a une influence mutuelle

L’unité apparaît, chacun est digne, chacun est saint !

Note : La cloche sonne la fin du zazen


[1] Mu Sho Toku 無 所 得 : Jap. Tokoro. Pas d’objet- pas de lieu – pour les six sens – yeux, oreille, langue, oreille, toucher, conscience personnelle. Pas de Substance Personnelle à obtenir. Pas d’objectif personnel à atteindre. (voir Sutra Maka Hannya Haramita Shingyo).

[2] Kusen : Enseignement Oral. Ku : Bouche Sen : Transmission.

[3] Hi Shi Ryo 非 思 量 : Litt. Aller au-delà de la pensée qui mesure, calcule, juge. Nangaku, maître zen de la période Tang, 7è siècle, dit : « Penser la non-pensée ». Comment faire ? En régulant et en s’appuyant sur le souffle, être conscient de la pensée qui survienne. En agissant ainsi, nous faisons disparaître la pensée et ne mettons pas en mouvement l’esprit qui tend à juger, qualifier, quantifier … L’esprit vigilant suit la respiration libre, laissant les pensées circuler sans entrave sans blocage sans attachement. Voir Anapanasati Sutta de bouddha Shakyamuni.

Zazen Numineux et Numinesscence – Deshimaru TDKUSEN-101


Qu’est-ce que la sainteté ?

La sainteté, la pureté, votre compassion. La vraie foi, la sainteté. L’unité à la fin, c’est le un et la non-séparation.

La posture de zazen est la plus haute sainteté, on n’a jamais pu voir une sainteté semblable. Pas de zazen, ce n’est pas de la sainteté.

Chaque matin vous répétez la plus grande sainteté, vous répétez le plus haut karma.

Un philosophe allemand, Otto Rudolf[1] (1869-1937), étudiait profondément les religions.

Qu’est-ce que la sainteté ? Le Numineux est un terme grec, je ne connais pas plus. Il s’agit de la Numinesscence. J’ai étudié hier l’encyclopédie pendant des heures …

Le noumène c’est Dieu, le Divin, vous comprenez ?

Depuis les temps préhistoriques, l’être humain a besoin de la religion.

Faire zazen est le plus haut numineux.Vous tremblez terriblement. S’ils tiennent debout derrière vous, les nouveaux pratiquants tremblent … tous les intestins … nous avons un sentiment de libération … c’est mystérieux et terrifiant …

La religion sans dignité devient du comique et théâtral. Depuis les temps préhistoriques, l’être humain a besoin des religions. Ce n’est pas pareil aux animaux qui fonctionnent avec l’instinct.

Zazen est le plus haut numineux[2] (minuteur 29 :31).

Qu’est-ce qui est la sainteté, la pureté ? L’ascétisme n’est pas la sainteté ! Pourquoi la méditation est elle la plus haute sainteté car le numineux est nécessaire ! C’est la substance de Dieu, la nature de Dieu, sans fond !

Le bouddhisme est Ku – vacuité, vide et plein. Bouddha est seulement un moyen. Dans le bouddhisme on parle du rien mais ce n’est pas rien, Ku signifie tous les phénomènes et toutes les existences.

Zazen est terrible – inspirant la crainte. La Vraie Sainteté contient l’élément qui inspire un caractère mystérieux … terrifiant … étrange.

Ce n’est pas clair.

Il y a de la fascination, celle-ci est nécessaire. Cela devient de la concentration, de l’amour. Pendant zazen, ces perceptions peuvent être ressenties. Sans cela, les religions ne sont pas fortes.

Si vous continuez zazen, votre posture devient sainte. La posture de Kinhin [5] devient pleine de dignité. Vous ne pouvez pas voir votre posture mais exactement, vous avez ces caractères de mystérieux et de terrifiant. Pour diriger, c’est très important, les deux sont nécessaires.

Sans le numineux, votre religion n’est pas forte. Pour le numineux, une forte énergie est nécessaire, il ne faut pas être faible. Ceci exerce une fascination, ce sont les éléments du sacré, c’est le monde de l’infini, et c’est différent du monde fini et limité.

La hiérophanie[3] du zen, le symbole sacré du zen est zazen.

En Occident et en Asie, les symboles sacrés sont différents, par exemple le dragon est primordial pour l’Asie. Quand à la croix, elle n’est pas seulement le symbole du christ mais également une représentation du cosmos. La colombe est importante … le lotus, le cheddar sont les arbres de vie qui font la connexion avec le cosmos, relient le ciel à la terre. Parfois, les sons deviennent les symboles du sacré … sutras, mantras, dharanis[4]. Dans le zen, il y aussi les claquettes, la cloche, le bois …

Quoi qu’il en soit, zazen – la méditation zen – est le plus haut symbole du sacré vivant. On peut en faire une expérience subjective – et non objective seulement. C’est la véritable essence des religions … ceux qui ne font pas cette expérience subjective ne peuvent pas comprendre.


[1] Rudolf Otto est un théologien luthérien. Il a voyagé en Inde, au Japon, en Afrique. Il travailla sur la comparaison des religions et spiritualités occidentales et orientales. Il créa le concept de « noumène » et du « non numineux » dont se servit M. Deshimaru pour désigner ce qui est « le non-mouvement de l’esprit », une expérience bouddhiste de l’état d’esprit non-deux, i.e. non dualistique, non binaire. Le non-numineux n’est pas rationnel et est extérieur à notre corps, ce n’est pas un objet de nos six sens (voir Le Sacré, Payot, Petite Bibliothèque, 1995, ISBN 978-2228888769.

[2] Toujours le concept de Numineux et de Numinesscence d’Otto Rudolf

[3] Hiérophanie est originellement un terme grec, « Hiéros » signifie sacré, la manifestation du sacré. Voir également Micea Éliade, le Sacré et le Profance

[4] Darani est un terme sanskrit. Tel le mantra, un dharani est un chant sacré puissant auquel des pouvoirs magique et protecteur sont conférés. Par exemple, la dernière strophe qui conclut le chant du Maka Hannya Shingyo est un dharani.

[5] Kinhin: Littéralement, le sutra en action ou sutra en marche ou sutra. C’est une posture de marche en méditant.